Septembre 2017, Volcans Equatoriens et Casse Mécanique !

Parés pour un nouveau pays, parés pour un nouveau départ ! C'est soulagés que nous arrivons en Équateur, heureux de quitter la Colombie et d'être frappés très vite par un important contraste entre les deux pays, pourtant voisins. Le simple fait de reprendre la route après les formalités douanières est tellement plus paisible, les gens ne sont pas excités au volant, respectent non seulement les signalisations mais surtout les autres. C'est un plaisir de retrouver cette sensation paisible de conduire "en sécurité" !  

Le paysage change et les Andes ne sont plus aussi vertes !
Déclinaison de couleurs équatoriennes

Notre route se déroule sans le stress que nous aimerions avoir laissé en Colombie et nous ouvrons grand nos yeux devant le paysage équatorien qui change radicalement de ce que nous connaissions avant. Les Andes vertes colombiennes ne sont plus et nous arrivons dans des Andes beaucoup plus arides, les reliefs fortement cultivés sont comme un agencement de figures géométriques aux déclinaisons d'ocre, de jaune et de brun. Des villages ici et là parsèment le paysage et nous avons l'impression que des espaces immenses sont à portée de main. 

N'est-ce pas le lieu idéal pour s'arrêter pour la nuit une fois arrivés en Équateur ?

Pour notre première nuit en Équateur, une vieille piste peu utilisée nous amène en haut d'une montagne, nous avons la chance de pouvoir grimper en altitude, surplombant la vallée. La sensation de vide me fait serrer les fesses alors que je suis du côté de la pente raide et mon inquiétude fait douter Alex au fur et à mesure que la piste devient un peu plus déversante. Autant s'arrêter là, nous serons bien pour passer la nuit avec la vue sur les premiers volcans équatoriens que nous apercevons. Nous sommes loin de tout, complètement seuls et nous ouvrons en grand notre chez nous, tout en appréciant le coucher de soleil. Et nous avons tous les deux un profond soupir de contentement. Nous avions eu ce même genre de soupir à peine arrivés en Colombie, heureux d'y arriver. Maintenant nous sommes heureux d'en être sortis ! 

Lumières du couchant pour notre première nuit en Équateur

Les photos de nos premiers pas en Équateur sont dans 

L'accueil équatorien là où nous nous arrêtons est chaleureux, très agréable et nous donne le sourire. Il semblerait que la suite s'annonce bien ! Nous ne savons pas trop où nous allons mais ce qui est sûr, c'est que nous nous rapprochons de la ligne de l'équateur ! Allons nous franchir la latitude 0° et nous retrouver tout d'un coup la tête en bas ? Pour éviter trop de bouleversements, nous allons nous rapprocher de nos repères, Back to the mountains ! Pourquoi ne pas aller faire justement un tour sur un volcan qui a choisi de pousser exactement sur l'équateur ? Le Cayambe, du haut de ses 5790 mètres, est un beau géant massif que nous avions aperçu de loin. C'est là où nous nous rendons compte que nous sommes très loin d'être en Europe, nous allons pouvoir grimper avec Pépère jusqu'au refuge, à 4600 mètres, presque au niveau du Mont Blanc ! Bienvenus dans les Andes ! 

Sur la route du refuge, nous trouvons même un peu de neige !

Au Mexique, sur les flancs de l'Iztaccihuatl, en face du Popocatepetl, nous avions marché jusqu'à 4500 mètres. Nous allons maintenant franchir un nouveau cap en altitude ! Nous arrivons au refuge où il reste encore quelques mètres carrés de neige, Alex ne trouve pas mieux que d'aller essayer ses tongs tout terrain dans cet élément qui nous a tant manqué les derniers mois. Le glacier du Cayambe est magnifique et le sommet est juste au dessus de nous maintenant, formé d'énormes champignons neigeux. Comme nous avons pu nous en rapprocher sans grand effort, bien assis confortablement dans les sièges baquet de notre Toyota, nous ne devons quand même pas oublier que nous avons atteint les 4600 mètres d'altitude. Même en grimpant en courte, notre corps a lui aussi besoin de s'acclimater. Et nous voici partis à courir comme des lapins sur le raide sentier qui mène au glacier. 

En crapahutant au dessus du refuge, nous pouvons admirer le sommet qui culmine à 5790 mètres
 
Notre souffle n'est pas si court que ça, nos jambes pas si lourdes, nous sommes presque dans une forme olympique ! La force de Mike Horn est en nous ! Bourrés d'optimisme, pourquoi ne pas tenter de grimper au sommet le lendemain ? Enfin, juste quelques heures plus tard puisqu'il faut partir à 1 heure du matin. Alex sort piolets, crampons, corde... Je prépare gants, bonnets, réserve d'eau et de quoi manger mais je suis moins optimiste. Nous verrons bien un peu après minuit, après quelques heures de sommeil. Ah si seulement nous avions pu tomber de sommeil justement... Même avec les meilleurs intentions, le sommeil ne vient pas et un mal de crâne s'installe chez Alex qui est obligé d'aller vomir alors qu'il serait l'heure de se lever. Ce ne sont ni les bizcochos, biscuits sablés achetés la veille à Cayambe, ni ma soupe de Choclo accompagnés d'arepas cuisinés avec amour qui sont à l'origine du malaise. 

Une belle mais peu reposante nuit sous les étoiles du sud
 
Personne n'est à l'abri d'un mal des montagnes ! Voici la raison qui nous pousse à ne pas nous lever ce jour-là à minuit. Nous ne dormons pas pour autant le reste de la nuit et lorsque le soleil pointe son nez, nous sommes bien loin d'être en forme ! Nous nous sentons faibles, nous allons nous mettre au chaud dans le refuge, prenons un bon chocolat chaud, des empanadas et quelques mandarines, pas mécontents d'être à l'intérieur alors que ça souffle violemment dehors. Petit à petit, nos corps reprennent du poil de la bête et la force de Mike Horn reprend de l'intensité ! Le temps est magnifique, nous nous sentons tout d'un coup en pleine forme pour grimper au pied du glacier, à 4800 mètres ! C'est à n'y rien comprendre ! Malgré tout, nous décidons de descendre en altitude, après la nuit que nous avons passé, il serait quand même bon de prendre un vrai repos. 

Un joli champ de glace qui s'étend jusqu'au sommet
Crevasses acérées...
... Et à portée de main !
 

Pour plus de photos du Cayambe, découvrez notre album
 
Nous prenons la route pour Quito, la plus haute capitale du monde, située à plus de 2850 mètres d'altitude. Là, nous avons nos devoirs qui nous y attendent car la Colombie ne sera jamais complètement derrière nous. Nous avons alors besoin d'une connexion internet puisque nous sommes toujours en train de tenter des démarches pour que le centre commercial réponde de sa responsabilité dans le vol de notre équipement photos. Vous pourriez dire têtus ces deux-là... non, juste persévérants ! Nous avons jusqu'au 5 avril 2018, soit un an suite au vol, pour obtenir réparation. Nous irons jusqu'au bout ! Nous allons pouvoir profiter de l'espace mis à disposition pour les voyageurs par un allemand, propriétaire d'un hôtel en plein cœur de Quito. Parfait pour travailler sur notre cas, nous reposer et faire de nouvelles rencontres ! 

Le volcan du Cotopaxi, 5897 mètres et de nouveau actif, depuis Août 2015
Dans le Parc Nacional du Cotopaxi, le volcan Rumiñahui quant à lui est éteint

Nous aurions vraiment aimé retourner au Cayambe pour grimper au sommet après s'être bien reposés, mieux acclimatés, mais nous prenons la route du sud avec Robin et Line, couple franco-norvégien, fraîchement rencontré à Quito, direction le fameux Cotopaxi ! Celui-là, nous nous sommes faits une raison, nous n'en ferons pas l'ascension puisqu'il est fermé depuis deux ans, Monsieur est en éruption ! Nous pouvons quand même rentrer dans le parc national, gratuitement en plus, camper à son pied et le voir se dégager pour notre plus grand plaisir ! 5897 mètres, il est haut le type et parfaitement conique. Magnifique ! Le vent souffle fort et nous décidons de passer la soirée abrités, à jouer aux cartes, pendant qu'une soupe mijote sur le feu dans notre grosse Maïté. Pour ceux qui ne connaissent pas Maïté, c'est notre Dutch Oven, une belle cocotte en fonte que nous nous étions offert au Canada. De l'eau, du sel, des épices, des légumes dont nombreux font partie intégrante de notre alimentation maintenant, à savoir yuca ou mote, maïs andin blanc, et le tour est joué ! 

Rayon de soleil bienvenu pour une photo tous les 4 devant le Cotopaxi qui se dévoile !
Costaud le glacier face nord du Cotopaxi

Plus de photos du géant dans notre album

Pour nous et pour commencer, notre périple en Équateur ressemble vraiment à un voyage de volcan en volcan. Après le Cotopaxi et toujours avec Line et Robin, nous arrivons au cratère du Quilotoa, rempli d'un magnifique lac dont la couleur change avec les lumières du jour. Endormi ou éteint, nous ne savons pas vraiment ce qu'il en est, mais ce que nous voyons du paysage montre que l'activité fut intense ! Tout autour, le terrain est constitué d'une centaine de mètres d'épaisseur de cendres qui s'effondre par endroit. Une croûte de terre nourricière permet à des milliers d’équatoriens de vivre sur ces terres froides et battues par le vent où l'on parle le Quechua et où l'on se coiffe de chapeau de feutre. Mais c'est le tourisme qui est devenu depuis peu leur nouvelle manne avec l'arrivée massive de touristes favorisant un développement économique important et prématuré...

Femmes de Quilotoa sur le chemin des mules





Les petits touristes c'est nous et même si vivons dans notre voiture et n'allons pas à l'hôtel et au restaurant, nous restons des touristes, étrangers à leurs us et coutumes. Une bonne immersion culturelle ? Cassez votre boîte de vitesse sur le parking au moment de reprendre la route et ce sera l'occasion !




 

Nous roulions au pas, en première, jusqu'à entendre un gros bruit. La vitesse saute et nous sortons de la voiture pour voir ce qu'il se passe en dessous. La boîte de transfert pisse de l'huile et je sors aussi vite que possible la clé pour l'ouvrir et peut-être faire sortir la pression. Mais la boîte continue de se vider de son huile et Alex distingue vite qu'elle est complètement fendue. Marche arrière, nous reculons de quelques mètres pour retrouver notre place de stationnement et une fois à l'arrêt, nous essayons de récupérer l'huile qui s'échappe. En ouvrant la boîte et en déposant le carter fissuré, des morceaux de métal tombent et il n'y a plus qu'à trouver d'où ils viennent. Dents cassées ? Nous avions déjà connu ça... Mais il se trouve qu'il ne manque aucune dent. 

Le carter va-t-il devenir la pièce la plus difficile à trouver, en particulier quand tous cherchent à nous vendre ceux qui sont dans un état lamentable ???

Avec un tel couple, la soudure a fini par lâcher...

Alex pousse l'inspection et nous trouvons le souci : ce sont des morceaux de la soudure qu'il avait fait au Canada avec Tyler pour renforcer le pignon de sortie de boîte. Le couple du moteur a dû sûrement forcer sur la soudure et une fois les morceaux cassés, ils ont dû venir se glisser entre les dents, à l'origine de notre casse du jour... Le diagnostic n'est pas long à faire et nous ne sommes pas tant dans la merde si on peut dire... Nous avons beau être loin de Quito ou d'une autre grande ville, tous les restaurants de Quilotoa ont un wifi et nous allons pouvoir partir en quête de pièces pour réparer au plus vite notre Toyota. 



Nous frappons à la porte d'un hôtel-restaurant, expliquant notre souci et notre besoin de se connecter de manière intense. La patronne accepte de nous accueillir sous condition que nous consommions bien sûr dans son restaurant, ce qui nous convient bien puisque nous n'avons pas l'intention de mourir de fin en attendant de trouver les pièces ! Nous ne pensions pas à ce moment-là que 5 semaines plus tard, nous serions encore bloqués là.  Mais tout aurait pu être tellement pire, en particulier si cela nous était arrivé lors de notre première nuit en Équateur sur notre montagne, isolés ! 

Chulpi toasté et locro de papas par Juan Carlos
Nos journées passent sur internet, nos cerveaux fument de chercher de tous les côtés où il serait possible de trouver un nouveau carter, le pignon de sortie de boîte, le pignon du winch, l'entretoise entre les deux et tous les joints et écrous pour remonter la boîte. Nous prenons petit déjeuner et repas du soir à l'hôtel et profitons toute la journée d'une connexion internet qui tient la route et d'un poêle a bois nécessaire pour réchauffer la grande salle qui est un véritable frigo. La plupart des clients et les propriétaires de l'hôtel sont peu présents la journée et nous partageons le lieu avec Juan-Carlos, le chef. Nous faisons vite connaissance et apprécions de parler cuisine avec lui qui est parti apprendre à cuisiner au Pérou avant de voyager dans de nombreuses villes en Équateur, toujours en quête d'améliorer sa cuisine, à la base équatorienne mais surtout le fruit de sa créativité. Alors que nous avons encore peu de choses en main, il nous aide vraiment à apprécier le temps passé ici.

Après plus de 5 jours bloqués sur le parking, la police commence à poser des questions, le propriétaire de l'hôtel est inquiet car des enfants commencent à tourner autour et pourraient nous voler des choses. La voiture étant fermée et après lui avoir expliqué notre vol en Colombie, il nous rassure en disant qu'ici, à Quilotoa, ce genre de choses ne se passent pas. Mais, tant qu'à faire, si nous pouvons bouger la voiture jusqu'au parking de l'hôtel où nous passons nos journées, ce serait vraiment mieux ! Par chance, ils ont des tracteurs  et il suffit de 5 minutes pour tracter Pépère et le sortir du parking vide pour l'avoir auprès de nous. Nous n'aurons plus besoin d'aller très loin pour aller nous coucher chaque nuit ! 

Honneur au chef !



Les jours passent, nous n'avons encore rien trouvé de manière sûre, il va nous falloir faire des commandes, en France avec Euro4x4parts pour un pignon renforcé, et en Arabie pour les écrous et les joints. Le plus dur à trouver reste le carter et le peu de personnes que nous trouvons en Équateur veulent vendre la boîte de transfert entière. Tout ce temps-là, nous ne pouvons pas bouger de l'hôtel, nous ne voulons pas manquer un message ou la possibilité de trouver une autre piste de recherche. Pas de souci, nous prenons notre mal en patience et nous mangeons très bien !


Entre les mains du cuistot, la magie de la cuisine équatorienne

Les commandes quittent leur pays d'origine et prennent la direction de Miami, juste là où l'ouragan Irma a décidé de faire des siennes. Tout est alors en suspens, jusqu'à ce que la situation se débloque, une fois que l'ouragan s'est éloigné de la Floride, pour se bloquer à nouveau aux portes de l’Équateur. Si nous ne payons pas les taxes d'importation, jamais les colis ne rentreront en Équateur. Nous devons alors rejoindre la banque la plus proche, à plus de 2 heures de bus de Quilotoa. Le temps du trajet, nous sommes en voyage, un voyage différent de celui que nous avons l'habitude de vivre avec notre Toyota. Et nous devons apprendre plus vite que prévu de ce nouveau pays pour pouvoir se sortir de ce pétrin mécanique !

Enfin, après plus de 3 semaines à Quilotoa, nous nous sommes autorisés un petit moment de liberté en faisant le tour du cratère

Retrouvez toutes nos photos dans notre album

Chaque jour, à l'hôtel, des personnes arrivent, d'autres partent. Les plaisirs de la table s'accompagnent des joies des rencontres et nous avons l'impression que nous n'avons jamais autant rencontré de personnes en si peu de temps ! Nous leur souhaitons bonne route ou bon voyage quand ils repartent le lendemain et nous les saluons alors qu'ils s'éloignent, comme si nous avions été leurs hôtes ! Mais nous ne nous installons pas ici, nous savons que ce sera bientôt notre tour de reprendre la route ! Cela fait plus d'un mois maintenant que nous sommes bloqués, il commence à nous tarder de retrouver le bon fonctionnement de notre compagnon et notre liberté ! 

Avec Lourenço, du Portugal, nous avons eu beaucoup de plaisir à faire le tour du cratère et nous le retrouverons sur notre route vers la Patagonie !
 
Hasta luego !

Les Galopères

Quilotoa, un lac de cratère d'Équateur, presque parfaitement situé entre l'hémisphère nord et l'hémisphère sud !