Autant avoir un peu d’humour quand
nous venons de nous rendre compte que notre châssis est tout simplement
cassé !
Se préparer pour gagner à coup sûr
la 40ème édition du Dakar ? Non...
Gagner les 4000 mètres d'altitude en
espérant faire un saut dans l'espace ? Non...
Traverser l'Altiplano à dos de lamas
en totale autonomie ? Non...
Non, nous n'avions pas ces
prétentions, nous ne visions pas la Lune, nous étions juste en train de penser
à un semblant de "programme", jour après jour, pour traverser la
Bolivie ! Et là, pim, comme un mauvais réveil au milieu de l'Altiplano péruvien,
au milieu d'un troupeau d'alpacas et de lamas, le programme prend une autre
tournure quand Alexandre se rend compte de la fissure du châssis, à l'arrière
de la roue arrière droite. Alors ça c'est un gros coup de chance, s'en rendre
compte à l'arrêt et n'avoir aucune idée de quand cela a pu arriver. Nous sommes
sûrement passés près de l'accident et sans nous en rendre compte en plus ! Il
nous aime ce Pépère malgré tout !
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Alors que nous admirions le coucher de soleil, nous étions loin d'imaginer l'état de notre châssis... |
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Et quelle bonne surprise de bon matin, mais à l'arrêt, heureusement ! |
Cela nous rappelle un tout petit peu
lorsque nous nous étions dits que nous rejoindrions Mauricio Salazar, le pilote
colombien, pour la Baja Inka au Pérou, courant septembre… Crac, la boîte de
transfert qui casse et nous sommes immobilisés 6 semaines ! Il doit y
avoir un message dans tout cela, ne pas faire de plan sur la comète, ça ne se
passe jamais comme prévu ! Et c’est même pire, les plans ça casse
tout ! Enfin, cette fois-ci, c’est le châssis. Nous ne sommes pas arrêtés,
nous faisons juste demi-tour alors que nous approchions de la frontière
bolivienne. Nous n’avons qu’une solution en tête : retour à Lima où nous
connaissons quelqu’un de confiance pour souder le châssis. Il faut dire que
Lima, c’est à plus de 1000 kilomètres et qu’avant de faire 1000 kilomètres sur
du goudron sur le plus gros du parcours, nous avons 80 kilomètres de piste à
faire pour retourner en arrière, vers Arequipa, la ville la plus proche où nous
étions la veille.
Nous nous mettons au rythme des
camions chargés de sel qui descendent de la saline située à plus de 4000 mètres
d’altitude. Tout doucement, nous avançons dans le nuage de poussière soulevé
sur la piste alors que Manu Chao, indémodable, comble notre silence. Nous ne
nous attendions pas non plus à entendre un gros crac à la moindre petite bosse,
mais c’est que le châssis n’est pas complètement cassé. Il est effectivement
fendu sur une partie mais la partie du bas le maintient encore. Pourvu que ça tienne ! Une pose pipi s’impose, c’est l’occasion de voir si ça a bougé.
Il est toujours cassé, pas de miracle, mais ça n’empire pas. Il n’y a plus qu’à
arriver à Arequipa, serrer les fesses et croiser les doigts (oui, ça fait
beaucoup de muscles en action surtout quand il faut se concentrer sur les
reliefs de la piste !), racheter des sangles et brider tout ça pour faire
la route jusqu’à Lima. Ce n’est sûrement pas notre seule solution, mais c’est
la seule à laquelle nous pensons sur le moment !
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Sangler pour brider, décharger la partie arrière du poids des roues de secours... En route pour Lima ! |
Après avoir passé une semaine début
novembre dans le garage d’Alonso et José, en compagnie d’Edyll, Rafael et
Bryan, nous les avions vus travailler avec tant de sérieux et de qualité que
c’était évident qu’il n’y a qu’en eux que nous pouvions faire confiance sur le
moment pour nous aider dans cette nouvelle casse. Edyll nous donne son feu
vert, ils nous attendent, bien que nous aurons appris plus tard qu’ils
connaissaient du monde à Arequipa, où nous nous trouvions justement. Ni une ni
deux, nous prenons la route, sûrement pas la plus belle du Pérou mais peu
importe, ce sera la plus directe pour faire les 1000 kilomètres qui nous
séparent de Lima et de la fine équipe de Rent2Race. Rouler rouler rouler... Le
châssis bien bridé ne bouge pas tout au long de la route. Le lendemain, nous
sommes déjà arrivés à Lima et il n’y a plus qu’à ! Et pour toute bonne
soudure, ce qui prend le plus de temps, c’est la préparation.
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Un coup de brosse métallique et préparation de plaques de renfort |
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Puis c'est au tour d'Edyll de souder ! |
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Et voici un châssis presque réparé ! Il ne manquera qu'un petit coup de peinture et c'est bon ! |
Toute l’équipe est bien occupée sur
le véhicule de maintenance qui accompagnera Fernanda, la première péruvienne à
participer au Dakar, à bord du FJ105 que Rent2Race met à sa disposition. Dans
notre coin, nous ne manquons pas de travail à dégager le réservoir de gazole,
heureusement presque vide, et à nettoyer la zone du châssis cassé pour le
souder et le renforcer. Et tant qu’à faire, nous renforçons l’autre côté pour
éviter une nouvelle fois ce genre de mauvaise surprise. Et le maître soudeur,
Edyll, peut venir régler son compte à cette vilaine fissure ! En moins
d’une semaine, avec une journée de repos, le dimanche, c’est sacré, nous avons
ainsi fait 2000 kilomètres, réparé un châssis cassé, une lame maîtresse cassée (oui, il y avait ça aussi...), fait la révision des 10
000 kilomètres avec rotation des pneus, inversion des batteries et vidange
moteur… Bref, ce fut fatigant mais efficace et surtout une nouvelle occasion
de retrouver cette bonne équipe à Lima !
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Une photo pour les bons souvenirs partagés. Rendez-vous à Salta en Argentine le 15 janvier prochain, sur le Dakar ! |
Toutes les photos de notre retour à Lima sont dans notre album
Et nous avons pu reprendre notre route vers la Bolivie, sans trop tarder mais sans pour autant chercher à rattraper notre "retard", nous ne sommes pas en course même si certaines pistes par ici donnent envie de jouer un peu les pilotes. C'est un peu ce qu'il s'était passé lors de notre trajet Cusco-Bolivie, premier acte. Non loin du canyon de Colca, considéré comme le deuxième canyon le plus profond du monde, les pistes traversent des étendues immenses et sauvages. Le sentiment d'avoir la piste pour nous tous seuls mais aussi l'envie de ne pas s'éterniser dans des espaces si grands pousse peut-être à appuyer un peu sur le champignon... Mais n'oublions pas que notre Pépère est avant tout voyageur et lourd. Viendra un jour un nouveau série 6 surement, compétiteur et léger ? Il y a des chances oui !
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Une invitation à lever la poussière sans risquer de croiser grand monde |
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C'est sur cette piste que nous avons peut-être perdu notre plaque d’immatriculation additionnelle ! |
Avant de se rendre compte du châssis cassé, nous avions quand même bien profité du sud du Pérou, ce qui s'appelle l'Altiplano. Des canyons profonds où les condors jouent avec les courants d'air bordent un immense plateau où les troupeaux de lamas, d'alpacas et de vigognes se sont parés d'une épaisse fourrure destinée à se protéger des courants d'air ! Nous sommes alors à plus de 4000 mètres d'altitude, parfait pour garder notre dose de globules rouges. Nous ne pratiquons toujours pas la mastication de feuilles de coca, mais nous commençons à arborer le port du foulard plaqué sur le nez car c'est un pays de vent, de soleil et de poussière. Et c'est en prenant la direction du sud que nous arrivons finalement, via ce grand plateau et longeant le lac Titicaca, à la frontière avec la Bolivie.
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Jeune condor immature du canyon de Colca |
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Un régal que de traverser les villages du pays Arequipeño |
Notre trajet Cusco-Bolivie acte 2 se sera donc passé sans encombre. Le plus difficile aura été de traverser la ville frontière et labyrinthique de Desaguadero, en plein marché, tandis que les postes de douane et d'immigration sont presque inaccessibles. Il reste moins d'une heure avant que les postes ne ferment pour la nuit, à peine un pont nous sépare de la Bolivie. Nous nous voyons déjà dormir là, au milieu du marché qui, à 20 heures, commence à désemplir à peine. Mais bizarrement, en 20 minutes de chaque côté, nous arrivons à régler toutes les formalités en un temps record. C'était mal parti, mais finalement, ce passage de frontière aura été le plus simple et le plus rapide !
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Un peu de bonne compagnie dans la Réserve de Salinas y Aguada Blanca, côté Pérou |
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Des cieux d'un autre monde, côté Bolivien |
La Bolivie, un nouveau pays que nous découvrons petit à petit, depuis à peine quelques jours. Nous prenons nos repères dans un pays où l'exode rural est tellement important que bien souvent nous nous demandons où sont les gens dans les villages fantômes où souffle le vent... La ville est un lieu qui offre du travail et une solution à l'isolement, laissés aux lamas qui supportent bien mieux cela que les hommes. C'est dans ce nouveau pays que nous passerons les fêtes de fin d'année, sûrement au milieu du Salar d'Uyuni à déguster du lama séché ! Nous vous raconterons !
En attendant, nous vous envoyons tous nos meilleurs vœux pour cette fin d'année 2017. Si cette année n'a pas été si bonne, alors nous vous souhaitons que 2018 rattrape le coup et qu'elle vous offre tant de belles surprises !
A l'année prochaine !
Les Galopères.
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En route pour 2018 ! |